Le prix de l'excellence

Livre Le prix de l'excellence

Leçons à retenir des entreprises américaines les mieux gérées

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Également disponible en : Anglais


Com­men­taires

Cet ouvrage est le fruit d’un projet de recherche menĂ© par Tom Peters et Robert Waterman de 1979 Ă  1980. Ces derniers se sont attachĂ©s Ă  identifier les qualitĂ©s communes aux entreprises les mieux gĂ©rĂ©es des États-Unis. AprĂšs avoir sĂ©lectionnĂ© 43 entreprises issues de six industries majeures, ils ont analysĂ© en dĂ©tail leurs pratiques. Bien que cette Ă©tude ait Ă©tĂ© menĂ©e il y a 20 ans, ses rĂ©sultats proposant huit leviers pour atteindre l’excellence sont encore d’actualitĂ© pour les entreprises actuelles. Ces huit principes peuvent sembler Ă©vidents, mais cette Ă©tude a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  les identifier de maniĂšre systĂ©matique. Classique du genre, cet ouvrage dĂ©veloppe des points essentiels illustrĂ©s de nombreux rĂ©cits. BooksInShort recommande la lecture de cette Ɠuvre charniĂšre Ă  tous les pro­fes­sion­nels du monde de l’entreprise.

Points Ă  retenir

  • Le modĂšle des 7-S de McKinsey comprend sept variables : les valeurs partagĂ©es (‘shared values’), les systĂšmes, le style, le personnel (‘staff’), les compĂ©tences (‘skills’), la stratĂ©gie et la structure.
  • Les individus n’agissent pas toujours de maniĂšre rationnelle. Mettez l’accent sur le cĂŽtĂ© spontanĂ© des individus.
  • DĂ©veloppez le « parti pris de l’action » en en­cour­ageant un vaste rĂ©seau de com­mu­ni­ca­tions ouvertes et informelles.
  • Ce sont les besoins des clients et non les coĂ»ts ou la technologie qui sont gĂ©nĂ©ralement les moteurs des entreprises per­for­mantes.
  • Soutenez l’autonomie et l’esprit d’entreprise. Acceptez et encouragez l’échec.
  • Respectez l’individu ; proposez un degrĂ© Ă©levĂ© de formation Ă  vos employĂ©s.
  • Les entreprises excellentes ont le sens des valeurs et possĂšdent un systĂšme de valeurs-guides bien dĂ©fini.
  • Maintenez des rĂšgles et procĂ©dures simples et une structure lĂ©gĂšre.
  • Tenez-vous en Ă  ce que vous savez faire : con­cen­trez-vous sur le cƓur de votre mĂ©tier.
  • Faites preuve de rigueur tout en accordant une autonomie in­di­vidu­elle maximale.
 

Résumé

Le modĂšle 7-S de McKinsey

Peters et Waterman ont dĂ©butĂ© leur Ă©tude au moment oĂč les entreprises amĂ©ricaines subissaient une pression con­cur­ren­tielle soutenue du fait de l’in­ten­si­fi­ca­tion de la concurrence mondiale et plus particuliĂšrement du Japon. Leur but Ă©tait d’identifier les raisons du succĂšs des entreprises prospĂšres amĂ©ricaines et d’en tirer les en­seigne­ments pour les communiquer Ă  d’autres entreprises. Pour ce faire, ils ont commencĂ© par isoler sept variable clĂ©s qu’ils ont incluses dans une matrice, en po­si­tion­nant les valeurs partagĂ©es au centre, entourĂ©es des autres variables. Cette matrice, connue sous le nom de « modĂšle 7-S de McKinsey », dĂ©ploie une sĂ©rie de termes commençant tous par la lettre S en anglais : les valeurs partagĂ©es (‘shared values’), les systĂšmes, le style, le personnel (‘staff’), les compĂ©tences (‘skills’), la stratĂ©gie et la structure. GrĂące Ă  ce modĂšle, ils ont pu se concentrer sur ce qu’englobait « la gestion de l’excellence » en commençant par analyser 75 entreprises, nombre qu’ils rĂ©duisirent Ă  43 par la suite.

« Il ne faut pas penser que les entreprises ne devraient pas planifier. Elles doivent bel et bien planifier. Le problÚme est que la plan­i­fi­ca­tion devient une fin en soi. »

Quelle mĂ©thodologie ont utilisĂ©e Peters et Waterman pour sĂ©lectionner leurs modĂšles d’excellence parmi les entreprises existantes ? Ils ont tout d’abord dressĂ© une liste des entreprises reconnues par les milieux d’affaires, les consultants, les jour­nal­istes spĂ©cialisĂ©s et les uni­ver­si­taires comme gĂ©nĂ©ratrices d’innovation et d’excellence dans six secteurs majeurs. Ils ont ensuite dĂ©fini des critĂšres minimaux d’excellence tels que :

  1. L’entreprise a enregistrĂ© une croissance sur une pĂ©riode de 20 ans.
  2. L’entreprise est en bonne santĂ© Ă©conomique.
  3. L’entreprise possĂšde une longue expĂ©rience en matiĂšre d’innovation et de nouveaux produits et services.
  4. L’entreprise Ă©tait capable de rĂ©agir rapidement face Ă  l’évolution des marchĂ©s et des conditions en­vi­ron­nemen­tales.
« Peu de place est laissĂ©e Ă  la compĂ©tition interne dans le monde ra­tio­nal­iste. Une entreprise n’est pas censĂ©e entrer en compĂ©tition avec elle-mĂȘme. Portant, tout au long de notre Ă©tude sur les meilleures entreprises, nous avons pu observer de multiples exemples de ce genre de phĂ©nomĂšnes. »

Ils ont fini par sĂ©lectionner 43 entreprises dont la plupart sont encore cĂ©lĂšbres 20 ans plus tard : Hewlett-Packard, Intel, Procter & Gamble, Johnson & Johnson, Caterpillar, 3M, Marriott, McDonald’s, Disney, Boeing, Bechtel, Exxon et Du Pont.

Mettre l’accent sur le cĂŽtĂ© spontanĂ© des individus

Ces entreprises excellentes partageaient toutes un aspect essentiel : une bonne gestion ne se conforme pas Ă  l’approche tra­di­tion­nelle du modĂšle rationnel rĂ©aliste. Les principes de ce modĂšle prĂ©dominent dans l’en­seigne­ment des Ă©coles de gestion, en­seigne­ment qui donne la prioritĂ© Ă  la jus­ti­fi­ca­tion analytique et neutre pour toute dĂ©cision. Cependant, alors que les entreprises excellentes sont aptes Ă  rassembler les chiffres, Ă  les analyser et Ă  utiliser les rĂ©sultats pour rĂ©soudre les problĂšmes, elles mettent Ă©galement l’accent sur l’importance de prĂ©senter des qualitĂ©s ‘non techniques’ : dĂ©vouement envers les clients, volontĂ© de donner aux employĂ©s le sentiment d’ĂȘtre des gagnants. Elles font la part belle au « cĂŽtĂ© spontanĂ© des individus ». Ces entreprises ont par­faite­ment compris que les individus n’agissent pas toujours de maniĂšre rationnelle et que les Ă©motions motivent les employĂ©s et les clients. De fait, les huit principes d’une gestion efficace dans les entreprises prospĂšres s’articulent es­sen­tielle­ment autour de l’individu.

« Nous pensons tous ĂȘtre les meilleurs. Nous faisons preuve d’une ir­ra­tionalitĂ© forcenĂ©e et folle Ă  notre propre sujet, et cela a de profondes consĂ©quences sur le plan de l’or­gan­i­sa­tion. Cependant, la plupart des entreprises ont une vision nĂ©gative de leur personnel. »

Certaines mettent en avant la rationalitĂ© et l’intuition. La rationalitĂ© peut alimenter le moteur d’une entreprise, mais peut prĂ©senter certains dĂ©fauts si l’on y attache trop d’importance, tels que : un Ă©tat d’esprit exagĂ©rĂ©ment nĂ©gatif et prompt Ă  porter des jugements, une rĂ©ticence Ă  tenter des expĂ©riences et faire des erreurs, une prĂ©fĂ©rence pour la complexitĂ© et une in­flex­i­bilitĂ©, un abandon de la simplicitĂ© et un dĂ©nigrement des valeurs.

« Le petit groupe est le plus évident des dispositifs de mor­celle­ment. Les petits groupes sont, tout simplement, la pierre angulaire des meilleures entreprises. »

Par contraste, les Ă©lĂ©ments de motivation qui inspirent les re­spon­s­ables, employĂ©s et clients sont issus de qualitĂ©s ir­ra­tionnelles et intuitives (le cerveau droit). Par exemple, les individus aiment se considĂ©rer comme des gagnants, mĂȘme s’ils ne sont pas aussi efficaces qu’ils le pensent

Les individus trouvent plus facile d’apprendre Ă  l’aide de systĂšmes et procĂ©dures simples : seuls quelques objectifs ou in­struc­tions sont nĂ©cessaires, nul besoin d’une liste in­ter­minable. De mĂȘme, le ren­force­ment positif est plus efficace que le ren­force­ment nĂ©gatif pour encourager les individus. Les huit principes caractĂ©risant les entreprises excellentes sont positifs par essence, centrĂ©s sur les individus et offrent une approche plus sensible et intuitive de la gestion des entreprises. Ces huit principes sont les suivants :

Principe n° 1 : Un parti pris pour l’action

Les entreprises excellentes ont un parti pris pour l’action et utilisent des unitĂ©s opĂ©ra­tionnelles Ă  court terme, constituĂ©es de petits groupes d’individus qui en­tre­pren­nent des actions rapidement. Cette dĂ©marche contraste totalement avec le fait de travailler avec un groupe plus important, qui Ɠuvre pendant plusieurs mois et produit un rapport in­ter­minable. Ces petits groupes dĂ©passent souvent les barriĂšres struc­turelles tra­di­tion­nelles de l’entreprise. Ils se forment pour traiter un projet particulier et mettent Ă  con­tri­bu­tion les compĂ©tences es­sen­tielles de leurs membres.

« Le plus dĂ©courageant dans la vie des grandes entreprises c’est la disparition de la source mĂȘme de leur dĂ©veloppement initial : l’innovation. »

Certaines entreprises, telle que Walt Disney, encouragent la com­mu­ni­ca­tion en adoptant la « politique du prĂ©nom ». IBM ou Delta Airlines ont optĂ© pour une « politique de portes ouvertes ». La technique appelĂ©e « seg­men­ta­tion » favorise Ă©galement ce penchant pour l’action. La « seg­men­ta­tion » implique de « sĂ©parer les Ă©lĂ©ments » pour rendre l’or­gan­i­sa­tion plus fluide et favoriser l’action. La seg­men­ta­tion peut se prĂ©senter sous diverses formes : crĂ©ation d’équipes ou d’unitĂ©s opĂ©ra­tionnelles, or­gan­i­sa­tion de cercles de qualitĂ©, Ă©tab­lisse­ment de centres de projets et mise en place d’« unitĂ©s de travail secrĂštes » (domaines secrets d’innovation)... Cette dĂ©marche implique de faire du petit groupe d’action un pivot essentiel de l’or­gan­i­sa­tion.

« Nous ne parlons pas de pa­ter­nal­isme. Nous parlons d’un respect tenace de l’individu et de la volontĂ© de le former, de lui fixer des objectifs clairs et raisonnables, et de lui laisser la possibilitĂ© de se mettre en avant et de contribuer directement Ă  son travail. »

La volontĂ© des entreprises de tenter des expĂ©riences favorise l’action. Elles se risquent Ă  mettre en place de nouveaux projets et Ă  commettre des erreurs. Si ces tentatives Ă©chouent, elles mettent rapidement un terme Ă  leur dĂ©veloppement. Les innovations qui fonc­tion­nent peuvent ĂȘtre ap­pro­fondies, comme ce fut le cas pour de nombreuses dĂ©couvertes dans le domaine des nouveaux plastiques et moteurs d’avion. La sim­pli­fi­ca­tion des systĂšmes permet Ă©galement d’agir plus facilement. Elle consiste Ă  rĂ©duire les plans d’action Ă  quelques objectifs ou Ă©tapes importantes, et Ă  Ă©laborer de courts mĂ©mos (une Ă  deux pages maximum). Cette dĂ©marche clarifie le champ d’action.

Principe n° 2 : Proche du client

Les entreprises excellentes suivent un deuxiĂšme principe essentiel : elles sont proches du client. Elles n’ont de cesse de proposer au client qualitĂ©, fiabilitĂ© et service. Elles sont d’avantage motivĂ©es par leur orientation directe vers leurs clients que par la technologie ou la volontĂ© de produire Ă  moindre coĂ»t.

« Nous nous demandons s’il est possible d’ĂȘtre une entreprise exemplaire sans des valeurs claires et de la bonne espĂšce. »

Cet engagement implique parfois d’en­tre­pren­dre des actions qui paraissent Ă©conomique­ment insensĂ©es Ă  court terme. Cette dĂ©marche permet toutefois, Ă  long terme, de fidĂ©liser le client.

Ces entreprises insistent Ă©galement auprĂšs de leurs employĂ©s sur l’importance de privilĂ©gier les intĂ©rĂȘts des clients et les entraĂźnent Ă  dĂ©velopper cette approche par souci de proposer qualitĂ© et fiabilitĂ©. Citons par exemple l’obsession de McDonald’s pour la propretĂ©, la volontĂ© d’HP d’atteindre des « objectifs de qualitĂ© » dans son programme de « Gestion par objectifs », et la tendance de Digital Ă  privilĂ©gier la fiabilitĂ©, au dĂ©triment parfois de son avancĂ©e tech­nologique.

« Taille et complexité vont de pair, hélas. Et la plupart des grandes entreprises répondent à la complexité par la complexité, en adoptant des systÚmes et des structures compliqués. »

Pour de nombreuses entreprises, cette volontĂ© de servir le client induit de trouver une niche oĂč l’entreprise peut exceller. Les coĂ»ts et la technologie ne motivent gĂ©nĂ©ralement pas les entreprises excellentes : elles sont soucieuses de la qualitĂ©, motivĂ©es par le service, la fiabilitĂ© ou la volontĂ© d’occuper des secteurs niches Ă  forte valeur ajoutĂ©e. Être proche du client signifie possĂ©der de bonnes compĂ©tences d’écoute et comprendre ce que les util­isa­teurs des produits ou services souhaitent rĂ©ellement. Ainsi, les suggestions des clients permettent d’innover et de procĂ©der Ă  des dĂ©veloppe­ments futurs, si bien que la plupart de leurs innovations rĂ©elles sont vĂ©ritablement issues du marchĂ©.

Principe n° 3 : Autonomie et esprit d’entreprise

Pour instaurer un esprit d’entreprise et d’autonomie, les meilleures entreprises encouragent leurs employĂ©s Ă  devenir des champions de l’innovation, et les chercheurs Ă  explorer de nouveaux horizons. Ces entreprises re­con­nais­sent et rĂ©compensent les champions Ă  diffĂ©rents niveaux. En outre, elles tolĂšrent l’échec : elles admettent que les expĂ©riences ne fonc­tion­nent pas toujours.

Principe n° 4 : La productivité grùce aux individus

Les entreprises excellentes respectent l’individu et lui fournissent une formation adĂ©quate, dĂ©finissent des objectifs clairs et raisonnables, et lui accordent une autonomie pratique pour prendre des initiatives et pouvoir apporter une con­tri­bu­tion Ă  sa fonction. Elles ont appliquĂ© cette approche de diverses maniĂšres. Par exemple, Delta encourage l’esprit familial au sein de l’entreprise. HP croit en la « gestion itinĂ©rante ». Cette approche peut parfois donner lieu Ă  diverses cĂ©lĂ©brations et Ă  l’au­to­con­grat­u­la­tion, mais ce genre d’action tape-Ă -l’Ɠil fonctionne : il permet aux individus de se sentir bien et motivĂ©s.

Principe n° 5 : Implication au service des valeurs

Les entreprises excellentes s’impliquent et mettent l’accent sur leurs valeurs. Elles expriment clairement leur position et prennent trĂšs au sĂ©rieux le processus de crĂ©ation de valeurs. Elles possĂšdent un systĂšme de valeurs-guides bien dĂ©fini, auquel doivent adhĂ©rer leurs employĂ©s. Elles Ă©laborent des histoires, lĂ©gendes et mythes qui soutiennent leurs valeurs au sein de leur culture or­gan­i­sa­tion­nelle.

Principe n° 6 : S’en tenir à l’essentiel

Les entreprises excellentes se concentrent sur un domaine clĂ© dans lequel elles excellent. Par exemple, 3M table sur des produits qui utilisent sa technologie de revĂȘtement et de collage, et s’aligne sur des entreprises positionnĂ©es dans des domaines connexes. À l’inverse, les entreprises qui s’engagent dans une stratĂ©gie de di­ver­si­fi­ca­tion touchant Ă  plusieurs domaines connaissent souvent l’échec.

Principe n° 7: Structure simple et personnel limité

Ces entreprises suivent le principe « structure simple et personnel limitĂ© ». Elles essaient de garder leurs rĂšgles, procĂ©dures et structure de gestion aussi simplifiĂ©es que possible. Cette flexibilitĂ© leur permet de rĂ©agir rapidement face Ă  l’évolution des conditions existantes.

Principe n° 8 : Flexible et rigide à la fois

Enfin, ces entreprises excellentes allient direction centrale et libertĂ© in­di­vidu­elle. Elles ont mis en place des contrĂŽles rigides, mais restent flexibles et ouvertes au changement. L’essence de ce principe rĂ©side dans le fait que l’entreprise permet la coexistence d’une direction centrale ferme et d’une autonomie in­di­vidu­elle maximale.

À propos des auteurs

Thomas J. Peters est Ă©crivain, orateur et agitateur pro­fes­sion­nel. Il est l’auteur de The Little BIG Things, Re-Imagine!, Thriving on Chaos, Liberation Management et The Circle of Innovation. Robert H. Waterman est directeur d’une importante sociĂ©tĂ© de conseil et a Ă©crit de nombreux ouvrages tels que What America Does Right et The Renewal Factor.