Manager en pleine tempĂȘte

Livre Manager en pleine tempĂȘte

Le guide des bonnes dĂ©cisions Ă  prendre dans l’entreprise quand tout va mal

Vuibert,
Également disponible en : Anglais


Com­men­taires

Dans un monde en proie aux plus grandes in­cer­ti­tudes et aux plus grandes in­ter­ro­ga­tions, dans lequel l’objectif de croissance Ă©conomique est de plus en plus remis en question, Ram Charan propose des solutions simples pour sortir de l’impasse. Outre les conseils pratiques qu’il prodigue Ă  l’ensemble des acteurs de l’entreprise, l’alternative qu’il propose tient en deux mots : liquiditĂ©s et dĂ©croissance. Si certaines idĂ©es dĂ©veloppĂ©es dans cette analyse peuvent paraĂźtre redondantes, voire manquer d’originalitĂ©, l’auteur dĂ©montre nĂ©anmoins sa maĂźtrise parfaite de la dynamique et des enjeux or­gan­i­sa­tion­nels. BooksInShort recommande la lecture de cet ouvrage prov­i­den­tiel, qui pose le bon diagnostic au bon moment, Ă  tous les dirigeants d’entreprise ainsi qu’à tous les cadres qui souhaitent maintenir le cap quand le navire se met Ă  tanguer.

Points Ă  retenir

  • La ‘protection des flux de trĂ©sorerie’ et les moyens de s’en procurer constituent les dĂ©fis les plus importants auxquels doit faire face l’entreprise d’aujourd’hui.
  • Il est primordial pour l’entreprise de rĂ©duire le seuil critique de sa trĂ©sorerie afin d’envisager la stratĂ©gie Ă  suivre en cas de scĂ©nario nĂ©gatif.
  • Lorsque le climat est toxique, l’entreprise doit gĂ©rer prudemment ses liquiditĂ©s.
  • Elle doit opter pour une stratĂ©gie de dĂ©croissance en ra­tionnal­isant sa gamme de produits, en cherchant Ă  rĂ©duire ses parts de marchĂ© ainsi que le nombre de ses clients.
  • Pour garder le cap dans la tourmente, un dirigeant compĂ©tent doit ĂȘtre honnĂȘte et crĂ©dible tout en Ă©tant une source d’inspiration pour ses Ă©quipes.
  • Il doit Ă©galement ĂȘtre conscient de la rĂ©alitĂ© tout en restant optimiste, ĂȘtre un participant actif dans la gestion de l’entreprise et faire preuve d’audace.
  • Pour sortir de la crise, chacune des fonctions au sein de l’entreprise doit adopter une dĂ©marche pro­fes­sion­nelle compĂ©tente en assumant pleinement ses re­spon­s­abilitĂ©s.
  • Ainsi une gestion efficace de l’entreprise dĂ©pend des efforts concertĂ©s du PDG, du dĂ©partement des ventes et marketing, du directeur financier et des ‘services fonc­tion­nels’.
  • L’équipe de production, le dĂ©partement de R&D ainsi que celui de la logistique jouent Ă©galement un rĂŽle dĂ©cisif dans la bonne marche de l’entreprise.
  • Quant au conseil d’ad­min­is­tra­tion, c’est Ă  lui qu’incombe ‘la re­spon­s­abilitĂ© d’assurer la survie de l’entreprise’.
 

Résumé

LiquiditĂ©s : la formule magique

Avant la crise, la rĂ©ussite Ă©conomique d’une entreprise se mesurait Ă  la croissance du bĂ©nĂ©fice par action ainsi qu’à celle de son chiffre d’affaires. Cette conception est dĂ©sormais dĂ©passĂ©e. Aujourd’hui, la ‘protection des flux de trĂ©sorerie’ et les moyens de s’en procurer constituent les dĂ©fis les plus importants auxquels l’entreprise doit faire face. Adopter une gestion prudente et efficace de la trĂ©sorerie (composĂ©e des bĂ©nĂ©fices dĂ©gagĂ©s par l’activitĂ© Ă©conomique, du fonds de roulement et de la vente d’élĂ©ments d’actif) constitue un facteur de compĂ©titivitĂ© et contribue ainsi Ă  rĂ©duire les risques encourus par l’entreprise.

« La protection des flux de trĂ©sorerie est l’enjeu le plus important pour la majoritĂ© des entreprises, qu’elles en soient conscientes ou non. Â»

General Motors, le gĂ©ant amĂ©ricain de l’automobile, en a fait l’amĂšre expĂ©rience au cours de l’automne 2008. MinĂ© par la chute sans prĂ©cĂ©dent de ses ventes de 4x4 gourmands en carburant, le con­struc­teur automobile a Ă©puisĂ© ses liquiditĂ©s et annoncĂ© que sans l’aide de l’État, il se trouverait Ă  court de trĂ©sorerie en moins d’une annĂ©e.

« Il faut gĂ©rer avec vigueur, c’est-Ă -dire s’immerger totalement dans les dĂ©tails opĂ©rationnels et dans la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure, mettre la main Ă  la pĂąte, participer activement et donner suite aux dĂ©cisions. Â»

Une gestion prudente des liquiditĂ©s de l’entreprise implique en outre de calculer le seuil critique de la trĂ©sorerie pour vous permettre de dĂ©ployer une stratĂ©gie efficace et de rĂ©pondre aux questions suivantes : faut-il cesser de fabriquer un produit ? Doit-on fermer une unitĂ© de production ? Serait-il judicieux d’abandonner un canal de dis­tri­b­u­tion ?

Opter pour la décroissance

En contribuant Ă  rĂ©duire les processus et Ă  supprimer des Ă©tapes, la dĂ©croissance semble la seule alternative possible pour beaucoup d’entreprises qui anticipent une pĂ©riode difficile. PlutĂŽt que de s’efforcer de gagner des parts de marchĂ© perdues par de malheureux concurrents, ces entreprises doivent ra­tionnaliser leur gamme de produits, rĂ©duire leurs propres parts de marchĂ©, voire leur porte­feuille de clients, tout en cherchant Ă  se positionner sur des segments gĂ©nĂ©rateurs de cash-flow. Elle peut mĂȘme envisager une rĂ©duction des effectifs. Ainsi recentrĂ©e, l’entreprise est Ă  la fois plus souple, plus rentable et plus compĂ©titive.

Une gestion plus efficace par un dirigeant hors pair

Pour permettre Ă  leur entreprise d’évoluer sereinement dans un contexte de crise, les dirigeants doivent repenser leur quotidien pro­fes­sion­nel et l’adapter Ă  la complexitĂ© de la situation actuelle. Ils doivent ĂȘtre prĂ©sents sur tous les fronts. En externe, ils doivent s’efforcer d’obtenir des ren­seigne­ments concernant leurs clients et s’informer des mod­i­fi­ca­tions de leurs habitudes de con­som­ma­tion. Ils doivent connaĂźtre la situation financiĂšre de leurs four­nisseurs et entretenir un dialogue permanent avec les col­lab­o­ra­teurs en contact direct avec les clients. Au sein de l’entreprise, cette implication se traduira notamment par un suivi rigoureux des indicateurs liĂ©s Ă  la santĂ© financiĂšre de l’entreprise et Ă  sa trĂ©sorerie, une diffusion optimale des in­for­ma­tions tout en en­cour­ageant les divers dĂ©partements de l’entreprise Ă  mieux communiquer pour faciliter la prise de dĂ©cision.

« Pour diriger dans la tourmente et dans l’incertitude, il faut anticiper le prochain dĂ©fi, et s’armer de courage et de savoir-faire pour l’affronter. Â»

Un leader capable de diriger son entreprise au cƓur de la tempĂȘte doit dĂ©montrer les 6 caractĂ©ristiques suivantes :

  1. Être honnĂȘte et crĂ©dible : Faites preuve d’honnĂȘtetĂ© et sachez reconnaĂźtre les limites de vos con­nais­sances.
  2. Être une source d’inspiration pour les autres : Suscitez la motivation au sein de vos Ă©quipes en leur proposant une vision qui les aidera Ă  surmonter les difficultĂ©s.
  3. Avoir conscience de la rĂ©alitĂ© : Tenez-vous informĂ© des Ă©volutions et des changements dans l’en­vi­ron­nement Ă©conomique pour amĂ©liorer votre rĂ©activitĂ©. Ef­forcez-vous de recueillir plusieurs opinions afin d’avoir une vue d’ensemble de la situation.
  4. Être rĂ©aliste tout en faisant preuve d’optimisme : Veillez Ă  rester rassurant et confiant, sans pour autant enjoliver la situation. DĂ©barrassĂ©s de leurs craintes, vos col­lab­o­ra­teurs auront tout loisir de concentrer leur Ă©nergie sur la recherche de solutions et agiront ainsi de plus maniĂšre efficace.
  5. GĂ©rer de maniĂšre vigoureuse : Vos paroles doivent ĂȘtre suivies d’actions concrĂštes. Ne vous contentez pas uniquement de beaux discours et participez de maniĂšre active Ă  la mise en place de solutions pertinentes.
  6. Être audacieux : DĂ©ployez des stratĂ©gies pour l’avenir mĂȘme si elles peuvent paraĂźtre hasardeuses. Pensez au long terme sans perdre de vue le contexte difficile que vous traversez.

À chacun son rîle dans l’entreprise

Seule une gestion compĂ©tente peut permettre Ă  l’entreprise de sortir de la crise. Ainsi, cette situation complexe exige une dĂ©marche pro­fes­sion­nelle et des efforts concertĂ©s de la part des diffĂ©rents in­ter­venants au sein de l’entreprise. Voici ce que l’ensemble des fonctions de l’entreprise doit mettre en Ɠuvre pour garder le cap :

  • Le rĂŽle du PDG : C’est sans conteste l’un des rĂŽles les plus critiques sur lequel repose l’avenir de l’entreprise. Un PDG doit tout d’abord avoir une conscience aiguĂ« de la rĂ©alitĂ© de la situation, sans pratiquer le dĂ©ni face aux difficultĂ©s ni vivre dans le souvenir du passĂ© florissant de l’entreprise. Dans les moments critiques, comme par exemple lors d’une rĂ©duction des effectifs, il doit maĂźtriser l’art de la persuasion et exploiter son capital crĂ©dibilitĂ© pour rassurer tant les employĂ©s que les in­vestis­seurs. Sachant faire preuve d’audace, un dirigeant efficace saura trouver le juste Ă©quilibre entre la mise en Ɠuvre de ‘mesures dĂ©fensives’ (rĂ©duire les dĂ©penses, par exemple) et celle de ‘mesures offensives’ (reprendre la part de marchĂ© d’un concurrent si cette opĂ©ration est jugĂ©e pertinente). Face Ă  cette situation inĂ©dite, un leader efficace jugera bon de repenser son agenda pro­fes­sion­nel, en sacrifiant certaines obligations sociales de prestige si nĂ©cessaire. Il lui faudra recentrer ses activitĂ©s et sa visibilitĂ© autour des Ă©lĂ©ments essentiels et gĂ©nĂ©rateurs de revenus : plus d’in­ter­ac­tions avec les clients et les four­nisseurs, ainsi qu’avec ses col­lab­o­ra­teurs. Se tenir constamment informĂ© des indicateurs clĂ©s, agir avec trans­parence et s’entourer d’une Ă©quipe de direction efficace sont des mesures supplĂ©mentaires aidant Ă  maintenir le cap.
  • Le rĂŽle des ventes et du marketing : Ce dĂ©partement doit tout d’abord s’attacher Ă  reconsidĂ©rer sa propre structure fonc­tion­nelle et envisager des re­struc­tura­tions, si nĂ©cessaire, tout en mettant l’accent sur la formation. Il doit s’engager Ă  fixer des objectifs de vente rĂ©alistes, sur une base mensuelle ou trimestrielle (et non annuelle) et revoir ses ‘propo­si­tions de valeur’. Ses autres tĂąches incluent Ă©galement la protection de la marque, la mise en place d’une stratĂ©gie de prix et de campagnes de com­mu­ni­ca­tion adaptĂ©es, ainsi que la par­tic­i­pa­tion Ă  la prise de dĂ©cision concernant l’abandon ou non d’une gamme de produits, dans l’optique d’une rĂ©duction des dĂ©penses.
  • Le rĂŽle du directeur financier : Il doit impĂ©rativement gagner la confiance de l’ensemble des col­lab­o­ra­teurs en faisant toujours preuve de trans­parence quant Ă  la situation de l’entreprise. Responsable des finances de l’entreprise, il doit non seulement avoir une con­nais­sance parfaite des chiffres liĂ©s Ă  sa trĂ©sorerie mais Ă©galement administrer les processus budgĂ©taires, participer Ă  la prĂ©paration de la stratĂ©gie de prix, réévaluer les systĂšmes de rĂ©munĂ©ration et dĂ©terminer le risque que posent certains clients et four­nisseurs. Son rĂŽle consiste Ă©galement Ă  conseiller le PDG, Ă  informer le conseil d’ad­min­is­tra­tion et, d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Ă  â€˜Ă©duquer les dirigeants’ afin qu’ils maĂźtrisent la lecture des bilans.
  • Le rĂŽle de l’équipe de production : Une des missions principales de ce dĂ©partement consiste Ă  diminuer le seuil critique de la trĂ©sorerie en identifiant la meilleure stratĂ©gie pour ‘rĂ©duire la capacitĂ© de production’. Cette Ă©quipe doit notamment s’attacher Ă  réévaluer les dĂ©penses d’in­vestisse­ment, persĂ©vĂ©rer dans la poursuite de projets stratĂ©giques et d’in­vestisse­ments tech­nologiques, en dĂ©pit du climat toxique dans lequel pourrait Ă©voluer l’entreprise. La gestion efficace des stocks, le recours Ă  l’ex­ter­nal­i­sa­tion ainsi que la ra­tio­nal­i­sa­tion des gammes de produits doivent Ă©galement ĂȘtre au centre des prĂ©occupations du directeur d’ex­ploita­tion.
  • Le rĂŽle du dĂ©partement recherche et dĂ©veloppement : Souvent citĂ© dans le cadre des rĂ©ductions des dĂ©penses en pĂ©riode de crise, le dĂ©partement R&D subit, plus que tout autre, la pression d’un climat Ă©conomique dĂ©lĂ©tĂšre. L’innovation Ă©tant un enjeu con­cur­ren­tiel majeur pour nombre d’entreprises, l’équipe R&D doit réévaluer son budget en distinguant les projets cruciaux pour la survie de l’entreprise. Ce dĂ©partement doit Ă©galement repenser ses objectifs, en tenant compte notamment des nouvelles exigences con­jonc­turelles (comme, par exemple, utiliser moins de matiĂšres premiĂšres), se lancer dans l’innovation per­tur­ba­trice et veiller Ă  Ă©tablir des passerelles avec les autres dĂ©partements de l’entreprise.
  • Le rĂŽle du dĂ©partement de la logistique : La mission principale de l’équipe de la chaĂźne logistique consiste Ă  amĂ©liorer la fluiditĂ© des Ă©changes entre elle-mĂȘme, ses four­nisseurs et ses clients, et Ă  crĂ©er des parte­nar­i­ats durables avec ces derniers. Elle doit Ă©galement veiller Ă  rĂ©duire les dĂ©penses, en com­mu­ni­quant de maniĂšre Ă©troite avec les autres services de l’entreprise pour harmoniser ses achats avec les tendances de vente et les prĂ©visions de production. Outre l’iden­ti­fi­ca­tion des changements stratĂ©giques Ă  adopter pour sortir de l’impasse, le dĂ©partement logistique doit Ă©galement former l’ensemble des col­lab­o­ra­teurs de l’entreprise Ă  la notion de chaĂźne de valeur.
  • Le rĂŽle des services fonc­tion­nels : Ces services intĂšgrent les dĂ©partements des ressources humaines, des relations publiques, des services juridiques et des tech­nolo­gies de l’information. Les RH sont notamment sollicitĂ©es lors des rĂ©ductions d’effectif et des re­struc­tura­tions. Ces spĂ©cialistes devront ĂȘtre prĂȘts Ă  conseiller sur les dĂ©cisions Ă  prendre puis Ă  mettre ces derniĂšres en application, en faisant preuve d’humanitĂ© et de diplomatie. Ce dĂ©partement devra en outre réévaluer les systĂšmes de rĂ©munĂ©ration existants avec pour objectif ultime, une gestion efficace de la trĂ©sorerie. Le recrutement de nouveaux effectifs et la gestion de la formation incombent Ă©galement aux RH. Quant au dĂ©partement des relations publiques, il a pour principale mission de communiquer ‘la nouvelle stratĂ©gie or­gan­i­sa­tion­nelle’ de l’entreprise aux in­ter­venants internes et externes, parmi lesquels les in­vestis­seurs. Les services juridiques sont chargĂ©s de la prĂ©paration des nouveaux contrats et de la gestion des contrats existants. Le dĂ©partement TI, fortement exposĂ© en cas de compression des coĂ»ts, devra quant Ă  lui non seulement protĂ©ger fermement ses projets courants mais Ă©galement réévaluer ses objectifs Ă  court terme, notamment ceux consacrĂ©s aux ‘tech­nolo­gies crĂ©atrices de valeur’.
  • Le rĂŽle du conseil d’ad­min­is­tra­tion : Sa mission essentielle consiste Ă  approuver les objectifs formulĂ©s par le PDG, en les ayant prĂ©alablement analysĂ©s. L’expertise de ses membres s’avĂšre donc prĂ©cieuse pour fixer les prioritĂ©s les plus fon­da­men­tales pour l’entreprise. Cet organe doit non seulement surveiller les risques mais Ă©galement dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts des ac­tion­naires, repenser le systĂšme de rĂ©munĂ©ration des cadres dirigeants et soutenir ces derniers en dĂ©pit des mauvaises per­for­mances causĂ©es par un en­vi­ron­nement toxique. Il lui incombe en outre de repĂ©rer les hauts potentiels afin d’en faire les dirigeants de demain.

Et ensuite ?

En modifiant votre façon de penser, en mobilisant tous vos col­lab­o­ra­teurs, en faisant place Ă  l’action et en com­mu­ni­quant, vous saurez non seulement diriger le navire en pleine tempĂȘte, mais vous serez Ă©galement prĂȘt Ă  anticiper les prochains enjeux.

À propos de l’auteur

Ram Charan est consultant, coach en entreprise et confĂ©rencier. Il figure parmi les 100 personnalitĂ©s les plus influentes dans la liste 2009 du magazine Times et a coĂ©crit de nombreux best-sell­ers.