Quand une singularité devient un problÚme
Pourquoi des individus au sommet de leur rĂ©ussite et de leur productivitĂ© doivent-ils modifier leur comÂporteÂment ? IroniqueÂment, cette attitude qui est Ă lâorigine de leur rĂ©ussite devient source de problĂšmes lorsquâils arrivent au sommet. MalÂheureuseÂment, de nombreuses personnes nâimaginent pas les consĂ©quences de leur comÂporteÂment sur leurs supĂ©rieurs, collĂšgues, employĂ©s et clients. Par exemple, si un cadre sâemploie Ă encourager son Ă©quipe, les autres pourraient considĂ©rer quâil fait du favoritisme. Ou un cadre qui rĂ©flĂ©chit trop avant de prendre une dĂ©cision est qualifiĂ© de âpassifâ. Lorsque de tels comÂporteÂments deviennent problĂ©matiques, il est alors temps de trouver une solution. Ce processus simple requiert dâidentifier le comÂporteÂment nĂ©gatif, de mettre en Ă©vidence les dommages quâil cause et de dĂ©montrer comment un simple ajustement peut rĂ©soudre le problĂšme.
Le paradoxe du succĂšs
Les individus brillants cultivent quatre attitudes clĂ©s qui les ont menĂ©s au succĂšs et ces derniĂšres rendent difficile une modÂiÂfiÂcaÂtion de leur comÂporteÂment. Câest lĂ que rĂ©side le âparadoxe du succĂšsâ alimentĂ© par quatre convictions : « Jâai rĂ©ussi », « Je peux rĂ©ussir », « Je rĂ©ussirai » et « Je choisis de rĂ©ussir ». Ainsi, ceux qui voient le passĂ©, le prĂ©sent et le futur au travers du prisme de ces convictions peuvent penser quâil nâest pas nĂ©cessaire de changer ou quâils sont trop occupĂ©s pour le faire.
Plus dure sera la chute
La plupart des programmes dâamĂ©lioration personnelle insistent sur les Ă©tapes Ă suivre pour devenir meilleur. Pourtant, en fonction de la situation, ne pas agir peut Ă©galement avoir ses avantages. Ăviter de prendre une mauvaise dĂ©cision, abandonner une habitude nuisible ou ne pas faire dâerreur sont des comÂporteÂments qui valent parfois mieux que conclure un marchĂ© important. La plupart des individus brillants prĂ©sentent des compĂ©tences hors du commun : voilĂ pourquoi ils sont efficaces. Cependant, une fois la rĂ©ussite obtenue, leurs mauvaises habitudes ou manies comÂporteÂmenÂtales prennent le dessus. En fait, bien souvent, plus les dirigeants rĂ©ussissent, plus leur comÂporteÂment cause problĂšme, et plus ce comÂporteÂment est gĂȘnant et freine leur ascension ou contribue Ă leur chute.
Vingt mauvaises habitudes sur le lieu de travail
Les dirigeants affichent gĂ©nĂ©ralement 20 mauvaises habitudes caractĂ©ristiques. Chacune dâelles peut contribuer Ă instaurer un climat destructeur, dĂ©sagrĂ©able ou conflictuel sur le lieu de travail. Cependant, ils peuvent facilement corriger ces dĂ©fauts en modifiant lĂ©gĂšrement leur comÂporteÂment.
- Rechercher la victoire Ă tout prix : le problĂšme comÂporteÂmenÂtal le plus frĂ©quent chez les individus brillants est leur besoin irrĂ©pressible de gagner, mĂȘme si la victoire nâa aucune importance. Ce besoin est souvent la source dâautres comÂporteÂments rĂ©prĂ©hensibles sur le lieu de travail.
- Ajouter trop de valeur : lorsque quelquâun vous fait part dâune idĂ©e et que vous ressentez immĂ©diatement le besoin de lâamĂ©liorer, vous vous rendez coupable dây ajouter trop de valeur. Ce dĂ©faut se retrouve souvent chez les personnes plus expĂ©rimentĂ©es et ayant rĂ©ussi, qui pensent dĂ©jĂ savoir ce quâon leur expose ou qui croient dĂ©jĂ connaĂźtre une meilleure façon de procĂ©der.
- Porter un jugement : il nây a rien de mal Ă exprimer son opinion sur un sujet qui concerne lâentreprise. En revanche, il est incorrect de demander leur avis Ă des colÂlabÂoÂraÂteurs pour ensuite les commenter. Personne nâaime ĂȘtre jugĂ©. La prochaine fois que lâon vous soumet une suggestion, restez neutre et dites simplement « Merci ».
- Faire des comÂmenÂtaires deÂstrucÂteurs : de nombreux individus ayant rĂ©ussi pensent ĂȘtre honnĂȘtes et se vantent de leur franchise. Toutefois, Ă©mettre des obÂserÂvaÂtions critiques ou des comÂmenÂtaires sarÂcasÂtiques nâa rien de constructif. En manquant ainsi de considĂ©ration et disÂcerneÂment, vous blessez votre inÂterÂlocuÂteur qui sâen souviendra, mĂȘme si vous vous excusez. Des comÂmenÂtaires qui rabaissent une personne ne sont ni instructifs, ni amusants : ils ne causent que tristesse et humiliation.
- Commencer par ânonâ, âmaisâ ou âcependantâ : lorsque vous commencez votre rĂ©ponse par ânonâ, âmaisâ ou âcependantâ, vous sous-enÂtenÂdez que vous savez tout mieux que tout le monde, mĂȘme si vous nâavez aucune mauvaise intention.
- Afficher votre inÂtelÂliÂgence Ă la face du monde : de nombreux dirigeants ne rĂ©sistent pas Ă lâenvie de crier sur les toits Ă quel point ils sont inÂtelÂliÂgents. Lorsque vous utilisez des expressions telles que « oui, je le savais dĂ©jà », vous insultez vos inÂterÂlocuÂteurs et vous vous les aliĂ©nez. Avant de parler, posez-vous la question, « Ce que je vais dire vaut-il vraiment la peine ? ». Si la rĂ©ponse est « Non », conÂtentez-vous dâun simple « Merci ».
- Parler sous lâeffet de la colĂšre : si vous vous emportez au travail, vous perdez Ă©galement le contrĂŽle. Certains reÂsponÂsÂables utilisent la colĂšre comme un outil, mais cette approche se retourne souvent contre eux. Si vous vous Ă©nervez, vous vous forgerez une rĂ©putation de lunatique et dâinstable.
- NĂ©gativitĂ©, ou laissez-moi vous expliquer pourquoi ça ne marchera pas : certaines personnes diront toujours dâune proposition quâelle ne marchera pas, en expliquant pourquoi. Si ce pessimisme semble utile en apparence, il dissimule en rĂ©alitĂ© des critiques profĂ©rĂ©es par un âmonsieur je-sais-toutâ. Si votre premiĂšre rĂ©action est nĂ©gative, vos colÂlabÂoÂraÂteurs se montreront de plus en plus rĂ©ticents Ă vous prĂ©senter leurs idĂ©es.
- Dissimuler des inÂforÂmaÂtions : dans la partie dâĂ©checs qui se joue sur le lieu de travail, le fait de dissimuler des inÂforÂmaÂtions est une tactique de choix, bien que sournoise. Cependant, loin de vous donner lâavantage, ce pouvoir ne fait quâinstaurer de la mĂ©fiance.
- Ne jamais rĂ©compenser : en agissant de la sorte, vous encouragez vos colÂlabÂoÂraÂteurs Ă Ă©prouver un certain ressenÂtiÂment. Les individus ont besoin de savoir que leur dur labeur est apprĂ©ciĂ© Ă sa juste valeur.
- Sâattribuer Ă tort certains mĂ©rites : outre le fait de dissimuler des inÂforÂmaÂtions, le pire que vous puissiez faire est de vous attribuer les mĂ©rites du travail de quelquâun dâautre. Pour ne pas commettre cette erreur, partez simplement du principe que la rĂ©ussite du groupe importe plus que la vĂŽtre.
- Trouver des excuses : les excuses ne sont pas acceptables. Il en existe deux types : les âexcuses directesâ et les âexcuses subtilesâ. Une excuse directe consiste par exemple, Ă dire : « DĂ©solĂ© dâĂȘtre en retard, jâĂ©tais coinçé dans les emÂbouteilÂlages. ». Une excuse subtile pourrait ĂȘtre : « Je nâai jamais Ă©tĂ© douĂ© pour rappeler les gens. ». InÂterÂroÂgez-vous sur ce type de manquements, et corÂrigez-les.
- Se raccrocher au passĂ© : cette mĂ©thode sâinscrit dans la tendance gĂ©nĂ©rale Ă chercher un responsable : elle est gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©e pour rejeter la faute sur quelquâun ou quelque chose qui sâest produit plusieurs annĂ©es auparavant et reflĂšte un manque de reÂsponÂsÂabilitĂ©.
- Faire du favoritisme : les managers disent souvent quâils veulent ĂȘtre mis Ă lâĂ©preuve. En rĂ©alitĂ©, celui qui dit oui Ă tout entre dans les bonnes grĂąces du boss.
- Refuser dâexprimer des regrets : de nombreux individus brillants ont du mal Ă sâexcuser, car ils dĂ©testent admettre quâils avaient tort. Cependant, en admettant vos torts, vous permettez aux autres dâoublier leur ressenÂtiÂment passĂ© et de repartir sur de nouvelles bases.
- Ne pas Ă©couter : le manque dâĂ©coute est un problĂšme rĂ©current. Les reÂsponÂsÂables ont souvent tendance Ă ne pas Ă©couter, parce quâils ont lâimpression de dĂ©jĂ savoir ce que lâon va dire ou dâavoir un train dâavance sur lâautre.
- Nâexprimer aucune reÂconÂnaisÂsance : vous devriez auÂtomaÂtiqueÂment rĂ©pondre « Merci » Ă toute suggestion. Pourtant, beaucoup de personnes brillantes Ă©prouvent des difficultĂ©s Ă prononcer ce mot. Nombreux sont ceux qui attendent le moment idĂ©al pour exprimer leur reÂconÂnaisÂsance, ou estiment quâil sâagit dâune marque de faiblesse.
- Sâen prendre au messager : rĂ©pondre agresÂsiveÂment lorsque quelquâun vous dit quelque chose que vous ne voulez pas entendre, mĂȘme si cela peut sâavĂ©rer trĂšs constructif. De nouveau, le meilleur rĂ©flexe serait de dire « Merci ».
- Accuser quelquâun dâautre : les meilleurs dirigeants assument leurs reÂsponÂsÂabilitĂ©s et celles de leurs colÂlabÂoÂraÂteurs. Refuser la critique et sâoctroyer les mĂ©rites des actions dâautrui sont les deux faces dâune mĂȘme attitude.
- Un besoin excessif dâĂȘtre âmoiâ : si vous transformez un dĂ©faut en qualitĂ©, vous estimez alors quâil est une part essentielle de vous-mĂȘme. Vous agissez de la sorte pour justifier un comÂporteÂment nĂ©gatif ou destructeur et Ă©vitez ainsi dâavoir Ă dĂ©cider de changer.
La vingt-et-uniĂšme mauvaise habitude
âLâobsession de lâobjectifâ dĂ©signe une situation oĂč un objectif particulier devient plus important que votre mission globale. Il ne sâagit pas forcĂ©ment dâune mauvaise habitude. Cependant, ce comÂporteÂment peut conduire Ă des pratiques discutables, et peut mener les individus Ă perdre leurs bonnes maniĂšres, Ă adopter des mĂ©thodes de travail malhonnĂȘtes ou Ă profiter des autres.
Une méthode en sept étapes pour devenir meilleur
Voici les sept Ă©tapes que vous pouvez suivre pour corriger lâune des mauvaises habitudes ci-dessus : âdemandez un feedback, exÂcusez-vous, informez (ou encouragez), Ă©coutez, remerciez, assurez un suivi et anticipezâ. Le meilleur moyen dâidentifier les forces et les faiblesses est le âfeedback Ă 360 degrĂ©sâ. Avec cette tactique, diffĂ©rentes personnes Ă divers niveaux hiĂ©rarchiques de lâentreprise donnent des inÂforÂmaÂtions sur votre travail, ou sur le travail dâun autre employĂ©. Demandez Ă vos conÂnaisÂsances, aux membres de votre famille, Ă vos collĂšgues et Ă vos clients dây participer. Si vous interrogez une personne pour en savoir plus sur quelquâun, posez-lui des questions telles que : « Ce dirigeant comÂmuÂnique-t-il clairement une vision, traite-t-il les gens avec respect et solÂlicite-t-il des avis contraires ? ». Les rĂ©pondants doivent noter leurs collĂšgues Ă lâaide de chiffres et doivent se focaliser sur âlâamĂ©liorationâ et non le âjugementâ.
« Plus vous ĂȘtes haut placĂ© dans la hiĂ©rarchie, plus vous devez vous attacher Ă faire gagner les autres, et non vous-mĂȘme. »
Les excuses ont trois buts : elles permettent tout dâabord dâassumer la reÂsponÂsÂabilitĂ© des erreurs du passĂ©. Elles tĂ©moignent ensuite de votre volontĂ© de changer, et font enfin office de contrat entre les deux parties. Lorsque vous vous excusez, dites simplement « Je suis dĂ©solĂ©, je vais tĂącher de faire mieux. ». Nâajoutez rien de plus. Ne commentez pas votre comÂporteÂment et ne prĂ©sentez aucune excuse pour vos actes.
« Lâune des plus grandes erreurs des individus brillants est de croire Ă lâhypothĂšse suivante : âJe suis brillant. Je me comporte de cette maniĂšre. Donc, je suis brillant parce que je me comporte de cette maniĂšre.â »
Quâest-ce qui diffĂ©rencie les individus simplement brillants des vrais dirigeants ? Lâune des diffĂ©rences esÂsenÂtielles est la capacitĂ© Ă Ă©couter atÂtenÂtiveÂment et Ă faire en sorte que la personne que vous Ă©coutez ait lâimpression dâĂȘtre la plus importante dans la piĂšce. Ceux qui savent Ă©couter ârĂ©flĂ©chissent avant de parlerâ et âĂ©coutent reÂspectueuseÂmentâ. Si vous souhaitez dĂ©velopper des capacitĂ©s dâĂ©coute hors du commun, nâinterrompez pas et ne complĂ©tez pas la phrase de votre inÂterÂlocuÂteur. Ne rĂ©pondez pas par une expression du type « Je sais cela. ». Posez des questions inÂtelÂliÂgentes et pertinentes.
« Les personnes brillantes pensent que par la force de leur seule personnalitĂ©, talent ou inÂtelÂliÂgence, elles peuvent faire Ă©voluer une situation dans leur sens. »
Pour exprimer votre reÂconÂnaisÂsance, commencez simplement par dire « Merci ». TĂ©moigner dâune sincĂšre reÂconÂnaisÂsance est un talent et un atout, qui permet de rĂ©soudre des situations qui pourraient devenir Ă©pineuses. DĂ©passez le cadre des bonnes maniĂšres en pratiquant cet exercice : faites la liste des 25 personnes qui vous ont le plus aidĂ© dans votre vie et Ă©crivez un mot de reÂmerÂciement Ă chacune dâentre elles.
« En tant quâĂȘtres humains, nous souffrons presque toujours du dĂ©calage entre la maniĂšre dont lâon se perçoit et celle dont le reste du monde nous perçoit. »
Aucun changement rĂ©el et durable ne peut avoir lieu sans suivi : celui-ci vous permet de mesurer votre Ă©volution et rappelle aux autres que vous vous employez Ă changer. Il montre que vous prenez le processus au sĂ©rieux et vous reÂsponÂsÂabilise. Il prouve que vous vous sentez concernĂ© et que la vision et lâopinion des autres vous importent. Si vous ĂȘtes en plein changement, vous pouvez demander Ă quelquâun de confiance de vous soutenir lors de votre Ă©volution.
« Si vous souhaitez changer quelque chose en vous, le meilleur moment pour commencer est maintenant. »
La recherche de lâanÂticÂiÂpaÂtion est un processus en quatre Ă©tapes. Pensez dâabord Ă un comÂporteÂment que vous souhaiÂteriez modifier. Discutez en tĂȘte Ă tĂȘte avec quelquâun pour expliquer votre dĂ©sir de changement. Demandez Ă cette personne dâĂ©mettre deux idĂ©es sur la procĂ©dure Ă suivre. Puis, considĂ©rez ces suggestions comme des idĂ©es que vous pourrez ensuite mettre en pratique. Renouvelez ce processus avec dâautres personnes. ConÂtraireÂment au feedback, le feedforward ou anÂticÂiÂpaÂtion ne concerne pas votre comÂporteÂment passĂ©. Vous ne pouvez pas changer le passĂ©, mais vous pouvez utiliser lâanÂticÂiÂpaÂtion pour construire un meilleur avenir.